Tirana en 1997, au moment de l'effondrement du système financier pyramidal, ressemblait à un champ de ruines: infrastructures en ruines, parcs et jardins squattés, espace public inexistant ou inutilisable.
Edi Rama, le maire de la ville, artiste de profession et ancien basketteur, s'est rendu célèbre à travers une opération de "chirurgie réparatrice" audacieuse, en faisant repeindre de couleurs vives et bariolées les façades de la ville. Un action qu'il revendique, non comme un acte esthétique, mais comme un acte politique: il s'agissait, avec un budget réduit à presque rien, de faire comprendre d'une façon sensible, immédiate à une population désespérée que la politique pouvait transformer la ville.
Ce "manifeste" au ripolin s'est ainsi accompagné d'un travail de fond pour rénover les infrastructures et rendre aux citoyens un espace public "privatisé" au fil des ans: la démolition, sans exception, des innombrables constructions illégales ne s'est pas faite sans amères controverses, mais les parcs et les boulevards sont aujourd'hui rendus aux promeneurs, les terrasses de café ont fleuri au centre-ville...
"Tirona", comme la chante le groupe de hip-hop West Side Family, est un noeud de contradictions, entre misère et dolce vita, entre mafias et démocratie.
Edi Rama, le maire, intervient dans le clip, dans son propre rôle et avec ses célèbres chemises violettes... Les statues réalistes-socialistes, animées d'un souffle nouveau, rappellent d'aillleurs que son père fut un sculpteur officiel du régime d'Enver Hoxha.
Bien plus qu'une simple mise en musique de la propagande électorale, "Tirona" souligne les paradoxes, sans rien nier des bas-fonds où se trafiquent sexe, drogue et armes, mais en laissant filtrer des images lumineuses, des sourires, des espoirs:
Pour compléter: un portrait d'Edi Rama réalisé par European Stability Initiative.
Turquie : l'étrange île de la démocratie et des libertés
Il y a 3 mois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire