Dans la
note précédente, je risquais une hypothèse sur la parenté secrète entre Tel Aviv et Belgrade, pressentant des rapprochements dans les courants souterrains qui animent leur jeunesse, l'insularité, un certain sens du chaos peut-être, un mélange paradoxal de conservatisme et de liberté revendiquée, de blocages identitaires et de subversion créatrice... Et soudain, une collision visuelle surprenante, entre une photo que j'ai prise au printemps à Tel Aviv:
et une image de Belgrade,
signée TKV, que je trouve sur le blog
World of Stencils:
Etonnant, non?
Pensant aux transfigurations de Klimt, ces icônes tout à la fois prosaïques et mystiques, il me vient alors à l'esprit que les deux villes se trouvent sur la même frontière invisible, entre l'Europe centrale et l'Orient, entre Vienne, Varsovie et Istanbul. Lisières de l'empire ottoman disparu, terres disputées, amères, villes construites à neuf contre le passé: Belgrade aux vestiges turcs s'effaçant, Tel Aviv reniant Jaffa, traçant vers le nord ses larges avenues rectilignes.
Ces deux baisers urbains, travaillés dans la matière de la ville comme les ors et les mosaïques de couleurs du peintre viennois, tenteraient-ils d'en enluminer la blessure?
A travers ces graffitis, et leurs références plus ou moins explicites à la "Belle époque" ou aux années 30 -période où Belgrade et Tel Aviv façonnent leurs perspectives, se font un visage-, quelle interrogation du passé se fait jour? Quelle réconciliation, quelle fusion se cherche-t-elle?
Je pressens en tous cas que se joue plus ici qu'un retour, un recours aux mythes du passé devant les défis, les transformations nécessaires auxquelles font face les deux villes. Plutôt une recherche du souffle fondateur, pour renouveler la ville, la hisser à la hauteur de ses rêves premiers, dans un siècle nouveau aux enjeux inédits?
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